AERO-CLUB DU BEARN : BERCEAU DE L'AVIATION

Lorsque le temps les y invite, c'est-à-dire souvent, de nombreux Palois de tous âges se donnent comme but de promenade, les abords de l'Aérodrome municipal, à la sortie Est de Pau. Là, ces spectateurs goûtant l'air pur, le calme, la beauté, le rêve, deviennent vite les habitués des diverses activités de l'Aéro-Club du Béarn dont il faut connaître l'origine et la vie, car son passé est prestigieux, son activité de premier plan et son avenir prometteur.

L'Aéro-Club du Béarn a un passé prestigieux. Il est le " leader " de l'histoire française et de l'histoire mondiale de l'Aviation et le " BETH CEU DE PAU " (Beau ciel de Pau), chanté par le poète Darrichon, n'y est pas étranger.

Le Flyer des frères Wright

Cela peut paraître paradoxal mais tout débute aux Etats-Unis, le 17 décembre 1903 : Orville Wright prend place à bord d'un aéronef équipé pour la première fois d'un moteur à explosion et il réussit à tenir l'air en parcourant 40 mètres. Aussitôt, son frère Wilbur franchit 65 mètres, puis Orville 66 mètres et, l'émulation aidant, Wilbur réalise 280 mètres en 59 secondes, à quelques mètres de hauteur.Ce jour-là, sur leur " Kitty Hawk ", les frères Wright, américains de Dayton (Ohio), ont donné des ailes à l'homme. Ils poursuivront ensuite leurs essais dans un climat d'incrédulité. Nous sommes encore bien loin du... climat de Pau.

En 1908, un français, M. Lazare Weiler, propose aux deux frères Wright un contrat comportant deux clauses draconniennes pour l'époque :

- Vol de deux heures avec un passager,

- Formation de trois pilotes.

Entre temps, de 1903 à 1908, des expériences semblables se sont succédées dans notre pays avec les Santos-Dumont, Blériot, Farman... Celui-ci couvre en janvier 1908 un circuit fermé d'un kilomètre. Les frères Wright, inquiets des progrès des pionniers français, progrès qu'ils ont suivis grâce aux études comparées menées avec leur ami le Capitaine Ferber, se décident à venir en France. Dès la signature du contrat, les voilà au terrain des Hunaudières près du Mans, puis au camp d'Auvours. Ils y réalisent la première condition du contrat avec comme passagers successivement M. Léon Bolée puis M. Paul Painlevé. Mais la seconde clause, la formation de trois pilotes reste difficile sous un climat irrégulier et des vents trop violents.

C'est alors qu'intervient le ciel de Pau ! Les deux aéronautes Paul Tissandier et Henri Sallenave, dotés de la remarquable étude du Dr Meunier sur le régime des vents et le climat de la région béarnaise, intéressent sans difficulté les frères Wiright. Leur ingénieur et manager, Hart Berg, vient en Béarn et arrête son choix sur Pau.

Le 29 décembre 1908, aidés par une municipalité clairvoyante dont le maire est M. de Lassence, soutenus par une population enthousiaste, les frères Wright ouvrent à Pau la " première école d'aviation du monde ". Leurs trois premiers élèves furent : le Comte de Lambert, Paul Tissandier Paul Tissandier et le Capitaine Lucas-Gérardville auxquels s'ajouteront René Gasnier de Fresne et Henri Sallenave.

Il faut souligner que dès le 13 décembre 1908, comme l'attestent les documents officiels, Paul Tissandier devint le Président-fondateur de l'AéroClub du Béarn, association régie selon la loi du 1er juillet 1901. En quelques jours, la lande déserte du Pont Long est devenue le pôle d'attraction de la France et du Monde. Durant deux mois les personnalités du monde entier qui s'intéressent au problème de l'aviation naissante, se donnent rendez-vous à Pau. La famille Wright en promenade à Pau Le 20 février 1909, le roi d'Espagne est accueilli par le maire, M. de Lassence et les frères Wright qui, en sa présence... noblesse oblige... battent le record de vitesse de l'époque : 75 kilomètres à l'heure. Moins d'un mois plus tard (le 17 mars 1909) sa Majesté Edouard VI d'Angleterre, vient en personne, pour juger les travaux de cette " première école d'aviation " dont les échos emplissent le monde. Entre temps, les frères Wright ont rempli leur contrat. Ils regagnent les Etats-Unis où ils reçoivent un accueil triomphai de la part de ceux-là même qui les considéraient hier comme des auteurs d'enfantillage.

Avec le départ des frères Wright, Pau ne tombera pas dans l'oubli. L'Ecole Blériot s'y installe également et deviendra la deuxième école mondiale, faisant suite à l'exploit de ce génie créateur qui traversait la Manche, le 25 juillet 1909. D'autres écoles naîtront Nieuport, Voisin, Deperdussin, Morane. On vient à Pau de tous les coins du monde pour piloter et y acheter lés avions " dernier modèle ". De nouveaux hangars sont élevés pour y abriter deux dirigeables : " Le Ville de Pau " et " L'Espana ". L'Ecole Blériot, devenue internationale, voit affluer les élèves de nombreuses nations étrangères. Pau devient une pépinière de pilotes. Les félicitations 
de Blériot En 1911 un deuxième terrain est créé, puis un troisième...

A peine ces travaux sont-ils achevés que la première école d'aviation militaire est créée la Base Aérienne 119 naissait. Le Colonel HISCHAUER fondait alors le Centre d'Aviation militaire et la première Unité Militaire d'Aviation du monde. Ce sera le 1er Régiment d'Aviation. Il portera l'écusson no 1, avec lequel de nombreux Palois et Béarnais partiront à la guerre de 1914. La grande guerre confère une importance primordiale à Pont-Long, devenu école de formation des pilotes militaires. Nos plus grands as et héros.de la guerre 14-18 en sortent. Parmi eux Guynemer, Fonck, Védrines, de Goys, Beaumont, Roland Garros, Fronval, Nungesser, etc., font rejaillir sur Pau, l'éclat glorieux de leurs exploits. Pau a su se souvenir de cette étape importante de son histoire, en dédiant plusieurs rues à ceux qui avaient réalisé des chapitres de gloire : les frères Wright, Paul Tissandier, Blériot, Védrines, Fonck, Roland Garros, Guynemer, Nungesser... et la côte de Gelos porte le nom du Dr Speakman.

Un monument aux frères Wright dont Costes et Bellonte poseront la première pierre a été inauguré le 30 janvier 1932, avec un cérémonial fastueux, à l'occasion d'une grandiose manifestation d'amitié franco-américaine. Par ailleurs, une stèle a été élevée face à la place d'Armes, à la mémoire du Capitaine Simon, chef-pilote de la célèbre école d'acrobatie formée en 1914.

Aujourd'hui, la Base Aérienne 119 n'est plus que souvenirs, entre l'Ecole des Troupes Aéroportées où naquit la première école de Parachutisme et l'Aérodrome de Pau - Uzein dont les pistes répondent aux besoins commerciaux (passagers, frêt postal ... ) et militaires (transports et parachutisme ... ) ou de protection civile (hélicoptères) ... Le " Berceau " ne convient plus, dès l'instant que l'enfant est devenu un homme et a troqué ses jouets contre des super-machines.

Mais Pau reste Pau, avec son " Beth Ceu " où ronronnent les oiseaux ailés et où pleuvent les " cavaliers du ciel " avec leurs montures colorées et corollées. Avec de semblables lettres de noblesse, et dans un décor aussi céleste, l'Aéro-Club du Béarn ne pouvait que connaître des courants ascendants, qu'il a parfaitement utilisés.

 

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